Non, on n’en a pas encore fini avec ce virus. C’est à Christie Morreale, et non à la chanteuse Renaud, que nous devons le cri du cœur. Si, en commission parlementaire, ce dernier a prononcé ces mots quelque peu incongrus dans la bouche d’un ministre régional de la Santé, c’est parce que le nombre de l’épidémie augmente. Et pour l’instant, en Wallonie, à Bruxelles ou en Flandre. Toutes les provinces sont impliquées, de même que tous les groupes d’âge. Selon le dernier bulletin de Sciensano, 3 151 personnes en moyenne ont été infectées par le Covid-19 chaque jour, entre le 10 et le 16 octobre. Il s’agit d’une augmentation de 50 % par rapport à la semaine précédente. Il faut être attentif, alors qu’en même temps, le nombre de tests n’a augmenté que d’environ 6 %. C’est très simple : nous n’avions pas vu autant de nouvelles infections depuis mai dernier.
Une autre (forte) augmentation, cette fois en ce qui concerne les hospitalisations : entre le 13 et le 19 octobre, 79,1 admissions quotidiennes de patients atteints de coronavirus ont été enregistrées ( 41 %). Sommes-nous au ou sommes-nous déjà dans la quatrième vague, dont on parle depuis cet été ? « Qu’il s’agisse d’une vague réelle ou d’une marée, il y a en tout cas quelque chose qui se passe », a déclaré le microbiologiste Emmanuel André mardi sur les ondes de la RTBF.
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Un rebond attendu par les experts
Reprise des activités en septembre et multiplication des contacts directs, relâchement des gestes barrières, contagiosité de la variante Delta… Pour les experts, de nombreux facteurs contribuent à rendre la courbe épidémique plus rigide. Mais attention, cette pente, certainement plus difficile, ne signifie pas que la situation est hors de contrôle. En fait, ce rebond a été prédit par les modèles mathématiques des épidémiologistes.
« En fait, ce n’était pas normal qu’il n’augmente pas », a déclaré Nicolas Franco, chercheur en mathématiques appliquées à l’UNamur et à UHasselt pour Le Soir. « Les différents scénarios de nos modèles prévoyaient une augmentation qui devait débuter fin septembre. Et redescendez autour Novembre/décembre. Ici, il arrive un peu plus tard que prévu. » Selon ces modèles, il faut désormais s’attendre à une « vague ou vague qui devrait rester en dessous des vagues précédentes », avec un taux d’occupation des soins intensifs pouvant atteindre 1 000 lits (la moitié de ce que la Belgique a dû affronter lors des deux premières vagues). Avec toutes les précautions d’utilisation pour ceux qui s’aventurent aux prédictions, Nicolas Franco ne s’attend pas à « une vague qui nécessiterait un reconfinement, à moins qu’une nouvelle super-variante ne vienne changer la donne ».
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Testez-vous pour « exclure le Covid-19 »
Dans le futur, Yves Coppieters a également recontextualisé : « Il y a actuellement entre 2500 et 3000 contaminations par jour au lieu de 6 000 en 2020. Le taux de positivité de 5 à 6 % est deux fois moins élevé que l’an dernier. De nos jours, les admissions à l’hôpital se situent autour de 70, soit trois fois moins que l’an dernier. » S’il est vague, il s’agit donc pour l’instant d’un baril complètement différent, grâce bien sûr aux vaccins, qui limitent le développement de formes sévères de la maladie.
Pour traverser l’automne puis l’hiver, le professeur de santé publique (ULB) préconise entre autres le renforcement des gestes barrières au sein de la population, ainsi que le suivi des contacts à risque. « Tout le défi des prochaines semaines est de faire comprendre aux gens qu’ils doivent continuer à être testés : nous avons tous des symptômes respiratoires variés, nous devons avoir le courage d’exclure systématiquement le Covid 19 même si c’est douloureux et coûteux sinon nous ne nous en sortirons jamais », a plaidé Yves Coppieters.